« La force qui fait le plus de fois le tour de la terre en une seconde, ce n’est pas l’électricité, c’est la douleur.” Marcel Proust
Il est difficile de trouver les mots justes pour évoquer les attentats qui ont eu lieu à Paris et à Saint-Denis vendredi 13 novembre. Les discours semblent souvent bien incapables de décrire le réel, surtout dans l’horreur. Et pourtant il paraissait nécessaire en ces circonstances de vous adresser un message. C’est pourquoi emprunter quelques paroles à une personne qui a vécu la boucherie de la guerre de 1914-18 peut parfois sonner plus juste.
Depuis une semaine, s’il est une évidence c’est en effet celle de l’atrocité, de la terreur et de la douleur que ces attentats ont engendré auprès de nous tous. Auprès des victimes, de leurs familles, et de l’ensemble de la population.
En tant que professionnels de santé vous avez, ces derniers jours, été confrontés au traumatisme de vos patients. Traumatisme d’avoir perdu un proche, d’avoir échappé à la mort, d’avoir vu des horreurs ; traumatisme des images, de la panique, du bruit et du silence. S’il existe une solidarité nationale dans la douleur face à ces attentats, il me semble que nous nous sentons d’autant plus responsables, nous professionnels de santé, de la nécessité d’aider ces patients, d’entendre leur douleur, leurs angoisses, tout en parvenant à assumer les nôtres. Bientôt nous recevrons également des blessés, des rescapés. Il nous faudra alors affronter le handicap, doublé du traumatisme équivalent à celui des traumatisés de guerre et parvenir, par notre expertise, par notre écoute et notre empathie, à transformer l’horreur en quelque chose de positif.
D’ores et déjà nous savons que certains confrères ont participé aux premiers secours avant même que les forces de Police n’arrivent sur les lieux, que d’autres confrères et consœurs ont perdu des membres de leur famille, des amis ou des proches. Tous auront besoin d’une aide. Mais aussi ceux qui ont perdu des patients ou qui devront prendre en charge les blessés dans les semaines qui viennent.
Nous vous rappelons que la ville de Paris a mis en place une cellule d’accompagnement psychologique par téléphone au 3975.
Les mairies des 10ème et 11ème arrondissements ont également mis en place des cellules pour accueillir les témoins et riverains. La cellule du 10eme, située au 72 rue du Faubourg Saint Martin, est ouverte de 10h à 19h, celle du 11eme située place Léon Blum est ouverte de 9h à 19h.
Des cellules d’aide médico-psychologiques (CUMP) sont ouvertes dans certains hôpitaux parisiens, notamment à l’Hôtel-Dieu, où des consultations dédiées aux professionnels de santé ont été ouvertes cette semaine.
Confraternellement.
Frédéric SROUR
Président du conseil départemental de l’Ordre de Paris